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Alors que le numérique est devenu incontournable dans notre vie quotidienne, les causes des inégalités quant à son accès sont nombreuses : handicaps (de tous types, visibles et invisibles, permanents et temporaires), troubles cognitifs, barrière de la langue (allophonie, illettrisme, maîtrise inégale), difficultés liées à l’âge, illectronisme etc.
Ce sont 23 % des Français qui se déclarent ainsi mal à l’aise avec le numérique (sites web, logiciels, applications, bornes d’affichage, etc.) (étude CSA Research, 2018).
L’association 16pour100 considère qu’Internet doit être à disposition de tous. L’accessibilité numérique doit être le processus par lequel les outils et les contenus numériques intègrent des aménagements qui garantissent l’accès aux fonctionnalités, mais aussi à l’information, ce pour toute personne, quelles que soient ses contraintes et ses besoins.
D’un point de vue technique, l’accessibilité numérique désigne un ensemble de principes à appliquer lors du développement d’un code numérique (pour un site, une application, une borne d’affichage, etc.).
Ils sont destinés à faciliter la navigation des utilisateurs, quels que soient leurs besoins et les dispositifs ou les technologies d’assistance par lesquels ils accèdent aux contenus et services en ligne.
Ces principes sont fixés par l’organisme international de standardisation du Web ( W3C : World Wide Web Consortium) et regroupés dans les WCAG (Web Content Accessibility Guidelines), les directives pour l’accessibilité du Web. Ces recommandations doivent continuer d’évoluer, les critères WCAG 2.2 qui devraient paraître à la fin de l’année 2021 sont très attendus.
< Par exemple, dans le code d’un site accessible une image doit être accompagnée d’une information alternative textuelle qui en fait la description. Cette alternative textuelle est nécessaire pour les personnes qui accèdent au contenu via un lecteur d’écran, une technologie d’assistance développée pour les personnes aveugles et les personnes malvoyantes. >
Les associations spécialisées, les experts en accessibilité et les retours du public concerné sont unanimes : ce qui fonctionne réellement, c’est un code informatique qui suit les principes du WCAG afin d’être compatible avec l’utilisation de technologies d’assistance, développées pour des besoins utilisateurs spécifiques.
Le droit à l’accessibilité numérique est entériné aux niveaux européen (directive 2016/2102) et national (loi pour une République numérique, 2016).
En France, un pas est franchi avec le décret du 24 juillet 2019. Les administrations et les entreprises sont contraintes de se mettre en conformité avec les règles pour l’accessibilité des contenus web. Ces dernières se réfèrent au RGAA qui s’appuie sur la norme européenne EN 301549 et les niveaux simple A (A) et double A (AA) de la norme internationale WCAG.2, mais le niveau triple A (AAA), a été écarté des exigences réglementaires.
Dans le niveau AAA, on retrouve notamment les principes relatifs à l’accessibilité du contenu textuel. Et pourtant, 16% de la population française entre 18 et 65 ans est concernée par des difficultés de compréhension de l’information présentée à l’écrit (source : Insee, 2011).
Plus généralement, la loi peine à se voir appliquée et le constat est simple : aujourd’hui un grand nombre de contenus disponibles sur Internet ne sont pas accessibles pour une partie significative de la population. C’est une véritable exclusion par l’information.
> Pour réduire les inégalités face à l’écrit, des projets existent :
La méthode « facile à lire et à comprendre » ou « FALC » a été développée dans le cadre du projet européen Pathways depuis 2009. Son objectif de départ est la création de textes simplifiés pour des personnes présentant des handicaps cognitifs dans le but d’accroître leur autonomie.
Le plain language (ou langage clair), mentionné par la Convention des Nations Unies relative aux droits des personnes handicapées. A l’instar du Royaume-Uni qui en a fait récemment une exigence réglementaire sur les sites gouvernementaux, le Comité d’Orientation pour la Simplification du Langage Administratif (COSLA) a travaillé dans le même sens pour que les citoyens puissent bénéficier d’une communication accessible au plus grand nombre.
Cependant, en France, ces initiatives peinent à se généraliser et à être intégrées dans les textes de lois.
Malgré la bonne volonté et l’engagement de nombreux acteurs, l’accessibilité numérique demeure un horizon encore trop lointain :
Il faut faire de la mise à disposition de textes alternatifs adaptés une exigence réglementaire d’accessibilité
Nous déplorons la disparition des critères de niveaux triple A (AAA) du RGAA, critères qui concernent notamment la simplification du langage et du contenu textuel. La France doit être motrice en matière d’accessibilité numérique en exigeant la conformité à toutes les normes du WCAG, mais aussi en participant plus activement aux réflexions aux côtés des groupes de travail du W3C. Les recommandations triple A (AAA) du WCAG, notamment sur le langage et les contenus textuels, demeurent d’ailleurs trop peu précises.
L’association 16pour100 contribue par ses recherches et actions à enrichir ces critères. De la même manière qu’une image comporte des alternatives, il devrait en être de même les contenus textuels. Nous proposons qu’il existe, pour chaque site, deux alternatives adaptées à un contenu textuel initial : un texte de niveau FALC et un texte en langage clair, accessibles via une technologie d’assistance dédiée.
Pour que cela soit possible, il faut tirer parti des technologies d’assistance et de l’automatisation, tout en conservant une validation humaine par les experts et/ou publics directement concernés, nécessaire pour s’assurer que les alternatives sont véritablement lisibles et compréhensibles par tous. Ce point est également l’occasion de rappeler que le travail n’est émancipateur que s’il est décemment rémunéré et effectué dans un cadre choisi.
Il faut définir une expérience utilisateur inclusive
Il est urgent de travailler à une expérience utilisateur unifiée et de prendre ses distances avec deux mauvaises solutions d’accessibilité :
< Les textes alternatifs adaptés sont un bon exemple d’une fonctionnalité qui doit être mise à disposition de ceux qui en ont besoin, rendue accessible via une technologie d’assistance dédiée, activée sur le site d’origine.>
Garantir l’accès au numérique passe par une adaptation plus fine aux problématiques, besoins et demandes de chacun, ceci en conservant les mêmes fonctionnalités d’un utilisateur à l’autre.
Une réelle démarche d’accessibilité numérique, encadrée par un label unique et exigeant
Rappelons-le, l’accessibilité numérique est un droit et dans l’intérêt de tous, alors autant avoir une démarche honnête et pragmatique.
Ce qui fonctionne réellement, c’est un code informatique qui suit les principes du WCAG et propose des textes alternatifs adaptés aux différents médias des sites afin d’être compatible avec l’utilisation de technologies d’assistance, développées pour des besoins utilisateurs spécifiques.
Les plugins automatiques, commercialisés et installés sur les sites, ne sont pas des solutions d’accessibilité. Ces surcouches proposent des expériences utilisateurs distinctes, confuses et incomplètes. Elles interagissent mal, tant avec le contenu du site qu’avec les technologies d’assistances auxquelles sont habitués les utilisateurs concernés, avec lesquelles elles sont redondantes.
< Par exemple, il est inutile d’installer un lecteur vocal, des aides visuelles, ou autre produit miracle sur son site. Les utilisateurs concernés sont généralement déjà équipés d’un matériel fonctionnel, auquel ils sont habitués et dont ils ont besoin avant même d’accéder au site internet cible. >
Ainsi, ces solutions miracles ne font que désengager les acteurs d’une mise en accessibilité numérique pérenne et réellement utile, tout en les laissant accumuler une dette technique et de nombreux dysfonctionnements, qu’il faudra un jour résoudre.
Un label unique et visible doit venir encadrer l’accessibilité numérique et inciter ainsi à une démarche exigeante, plus respectueuse des utilisateurs. Serait associé à ce label une note d’accessibilité et l’indication claire des publics pour qui le site n’est pas accessible. Ces exigences, certifiées par un label unique, doivent également s’appliquer aux navigateurs, aux moteurs de recherche et aux plateformes de contenu.
Il faut exiger un État proactif et incitateur
Si la loi sur l’accessibilité numérique constitue une avancée, elle peine à être appliquée.
Les sanctions financières gagneraient à se systématiser face aux infractions constatées et appliquer un principe de progressivité (en fonction des revenus d’une entreprise par exemple).
Si une partie du contrôle peut être automatisée pour mettre un terme au jeu de dupes des auto-déclarations d’accessibilité, une supervision humaine est requise pour juger des défauts de mise en accessibilité. Celle-ci doit impérativement intégrer des personnes spécialisées et/ou directement concernées.
Les sanctions, au-delà de leur caractère punitif, présentent un intérêt dans le sens où elles participent au financement général de l’accessibilité numérique, dont toute avancée bénéficie à des plus petits acteurs aux capacités d’investissement moindre, mais aussi à la recherche et au développement de technologies d’assistance.
Cet investissement pourrait servir à deux choses :
Aux côtés de nombreux acteurs de tous les secteurs, nous nous engageons à :
Sensibiliser l’opinion publique, les entreprises, les développeurs et les décideurs politiques à l’accessibilité de l’information et faire évoluer les normes d’accessibilité numérique et la législation.
Orienter les internautes qui en ont besoin vers des technologies d’assistance adaptées et des sites aux contenus accessibles.
Accompagner tous les acteurs dans une démarche d’accessibilité numérique exigeante, pérenne et efficace, grâce à une communauté d’experts et/ou de personnes concernées.